Voilà quinze jours qu’on ne s’est pas parlé, vous et moi. Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, parce qu’entre les tournages réalisés en avance et les quelques efforts que j’ai réussi à accomplir, on dirait presque que j’ai repris le cours normal de ma vie.
Petit miracle d’Internet sur lequel on ne montre qu’une facette.
Sauf que c’est pas le contrat, pas vrai ? Vous pouvez admirer ma coloration en story Instagram, m’entendre rire dans vos oreilles et me regarder en pyjama sur Twitch, mais ce serait mentir que de vous laisser croire que tout va bien.
C’est un mensonge sur lequel je suis plutôt rodée. Pourtant, comme disait l’autre : not today.
J’ai fait beaucoup de randonnées dans ma vie. C’est l’un des avantages d’un père alsacien proche de la nature : dans les Vosges comme dans le Vercors, dans la Creuse comme dans les Alpes, il y a des forêts à parcourir et des montagnes à gravir.
J’ai donc eu beaucoup d’ampoules dans ma vie. Petite, surtout, la peau fragile de mes talons ne résistait que peu aux pentes drômoises. Même adulte, j’ai toujours des pieds de princesse — en témoigne ma paire de Doc Martens presque neuve que je n’arrive pas à « faire » sans me scier les chevilles, ou mon stock de pansements Compeed hors de prix qui ne parviennent pas à me protéger plus d’une heure ou deux.
Je connais par cœur la progression d’une ampoule, cette légère gêne dans la chaussure, l’échauffement progressif de la peau hésitant entre former une cloque et se déchirer, la sensation de distinguer le mouvement de chaque fibre de la chaussette qui semble au fil des pas se doubler de gros sel, passant de protection réconfortante à frottement abrasif.
Déjà têtue, petite, je marchais longtemps les dents serrées, sachant que le point de rupture allait arriver et espérant malgré tout le repousser, l’éviter à la seule force de ma pensée et de ma capacité à me montrer butée. « On arrivera à la voiture avant que ça ne fasse vraiment mal » ; « Après cette pente c’est du plat, ça frottera moins » ; « Si j’atteins le gros chêne avant que le nuage n’ait masqué le soleil, ça passera tout seul » et autres pensées magiques qui, vous vous en doutez, n’ont jamais empêché l’ampoule de devenir plaie et ne m’ont jamais épargné de pause sanguinolente sur un rocher le temps de nettoyer et panser ma peau à vif pendant que je chouinais dans mes baskets pointure 32.
J’ai eu une ampoule au cœur, je crois, et j’ai décidé toute seule comme une grande que : « non ». J’ai annoncé plein d’évènements et relancé tous mes contacts professionnels. Je me suis engagée sur des déjeuners, des rendez-vous médicaux, des cafés et des soirées. J’ai affronté avec confiance une nouvelle semaine, pressée de remonter en selle.
J’ai promis que j’allais atteindre le gros chêne avant que le nuage n’ait masqué le soleil, parce que j’y croyais.
J’ai réussi à m’en persuader et à continuer la petite randonnée de ma vie jusqu’au jeudi, sauf que quand on a une ampoule au cœur qui craque, on ne s’arrête pas sur un bord de chemin. On annule tout, on vide son agenda, on se recroqueville et on se dit que ça va passer tout seul. Ou alors on serre les dents et on grimpe coûte que coûte, aggravant un peu plus la plaie à chaque mètre parcouru, à chaque degré de dénivelé franchi, à chaque fois qu’on se force à sourire, à travailler ou à socialiser même si le mistral hurle à l’intérieur et qu’on ne sait plus par où sortir de la forêt.
Enfin, jusqu’ici, c’est ce que je faisais. Parce que je suis pas toujours la girolle la plus dorée du sous-bois.
J’ai avancé, butée comme à huit ans, jusqu’à ce que l’ampoule cède et devienne impossible à ignorer, mais au moins cette fois je l’ai admis. J’ai pris les pansements qu’on me tendait, je me suis appuyé aux épaules qu’on m’offrait. J’ai accepté que les gens qui m’aiment ralentissent un peu pour rester à ma hauteur boiteuse, fassent plus de pauses sur le chemin et m’encouragent jusqu’à la fin.
Ça fait quelques jours et ça va déjà un peu mieux, je crois. Je repose mon cœur, je laisse l’ampoule guérir. Et le plus beau dans tout ça, c’est que ça m’a donné envie de m’organiser une randonnée.
J’avais raté Sermons de Minuit (Midnight Mass) sur Netflix, je rattrape enfin mon retard après avoir dévoré La chute de la maison Usher, du même showrunner, à savoir le talentueux Mike Flanagan (The Haunting of Hill House & Bly Manor). Pépite poétique, dramatique, horrifique, sur fond d’île battue par les flots glacés du Nord-Est américain : pour une fan de Stephen King, c’est forcément un pari réussi. Et c’est sincèrement touchant, surtout quand on aime les questions de rédemption.
Grosse énergie « oh non oh non je souris mais je pleure presque oh non les humains c’est vraiment trop bien » : la chanteuse du groupe Men I Trust (dont je n’ai jamais entendu parler de ma vie, rassurez-vous je suis toujours une quiche en musique) manque de fondre en larmes sur scène parce que pour la première fois, la foule connaît les paroles de ses chansons. OUIN. J’ai grave le seum parce que c’est une vidéo Reddit donc je ne peux pas vous l’intégrer directement, mais c’est ici.
Si vous suivez le YouTube francophone, vous avez probablement vu monter en flèche TheGreatReview, le roi du storytelling qui parle de jeu vidéo comme personne d’autre. La preuve, il a réussi à me passionner, à m’enthousiasmer et à me faire oublier de respirer en me présentant une équipe sud-coréenne League of Legends… Mais que voulez-vous : tout le monde soutient David face à Goliath, c’est humain.
Ampoule ou pas, je continue à travailler pour payer mon loyer mais aussi parce que j’ai la chance d’avoir beaucoup de tâches PLUTÔT COOL. Voyez plutôt.
Le Fab & Mymy Show continue, un lundi sur deux en podcast et sur YouTube ! Demain, le 23 octobre, on parlera punaises de lit et peur de la MORT. Vendeur, non ?
Avec Marie Camier alias Marikigai, on a parlé de notre rapport à la foi et aux religions sur Twitch, et ça sort en replay podcast chaque mardi juste ici.
Je donne sa chance à Bluesky, le potentiel « nouveau Twitter ». Sans surprise, je suis @mymyhgl dessus !
Les recettes sont de retour sur Patreon, avec cette semaine des keftas parfumées et légumes épicés (disponible en version carnée & végé).
En parlant de La chute de la maison Usher, on reviendra sur toute la saison ce jeudi 26 octobre à 20h sur Twitch avec un invité de qualité. Soyez là !
Comme d’habitude, merci de me lire. C’est bien, de retrouver un endroit où écrire.
Et ne soyez pas zozos comme moi : arrêtez-vous pour vous reposer avant que l’ampoule ne cède. Le gros chêne n’ira nulle part, promis.
Peau de princesse au petit pois et ampoule au coeur il y a quelques mois (pas tout à fait cicatrisée, la zone sera toujours rouge) aussi ! Mymy tes mots m'ont parlé (écrit ?) ❤️
vive la rando ! Je t'envoie des tonnes de compeed <3 merci pour ce partage.